Saturation des urgences pédiatriques, manque de lits d’hospitalisation, services de néonatologies en difficulté, personnel soignant épuisé, triple épidémie : bronchiolites, Covid, grippe… c’est à partir de ce constat que les Assises de la Pédiatrie sont enclenchées en novembre 2022 par le Ministre de la Santé. Face à des difficultés systémiques, il s’agit de refondre de manière urgente le système de prise en charge de la santé de l’enfant.
Le 24 mai dernier, un comité d’orientation composé de 22 experts et témoins ont eu un objectif : présenter un plan d’action ambitieux pour garantir la santé des plus jeunes. Le Professeur Christèle Gras Le Guen, (professeure des universités en pédiatrie, cheffe du service de pédiatrie générale et des urgences pédiatriques au CHU de Nantes) ainsi qu’ Adrien Taquet (secrétaire d’État chargé de l’Enfance et des Familles de 2019 à 2022) ont cordonné les travaux préparatoires.
Dans cette thématique plusieurs sujets ont été traités :
● Investir durablement dans la prévention auprès des parents, des enfants et des adolescents
● Améliorer l’organisation et la prise en charge médicale des jeunes
● Améliorer plus spécifiquement la prise en charge et la réponse en matière de santé mentale des enfants et adolescents
●Faire de la France une nation leader dans la recherche et l’innovation en pédiatrie et santé de l’enfant
« Mieux vaut prévenir que guérir ». La prévention est un outil de lutte contre les inégalités des chances en santé.
Dès maintenant, il s’agit d’investir dans des actions fortes pour éviter des maladies et réduire la charge qui pèse sur le système de santé sur du long terme. Il est nécessaire de mettre en place une véritable « société de la prévention ». Plusieurs objectifs ont été retenus (nous évoquons les plus cohérents avec notre activité) :
● Sensibiliser les parents aux risques auxquels les tous petits sont exposés :
Sensibiliser les femmes enceintes et les parents aux risques environnementaux, au moment de la naissance :
● Prévenir la bronchiolite
En généralisant l’accès au Nirsevimab à l’automne 2024 (accès en maternité, PMI, ville), et plus généralement promouvoir les campagnes de vaccination et d’immunisation dans les structures qui accompagnent les parents tout au long du parcours (maternités, PMI, crèches, etc.) avec une action spécifique pour les outre-mer.
● Renforcer la diffusion des messages de prévention personnalisés et améliorer le suivi de la santé de l’enfant à partir de Mon Espace Santé grâce à l’intégration du carnet de santé numérique.
Dès l’été 2024, le nouveau modèle du carnet sera défini et à partir de 2025 le contenu actualisé des 20 examens de santé obligatoires de l’enfant ainsi que l’alimentation automatique des 3 certificats de santé de l’enfant seront disponibles.
John Doe
Ces propositions, elles sont le fruit d’une démarche de concertation inédite menée pendant 6 mois, qui aura permis l’audition de plus de 300 personnes, l’organisation de 25 tables rondes, et la remontée de plus de 2000 contributions écrites. Des enfants de tous horizons ont également participé à ces réflexions : qu’ils en
soient remerciés plus que tout autre.
La santé de nos enfants est non négociable. Non seulement pour chacun d’entre eux, ce qui devrait suffire à nous mobiliser. Mais plus encore pour la Nation toute entière, tant cette question, des 1000 premiers jours à l’organisation de notre système de santé, en passant par la santé mentale ou les inégalités en santé, porte en elle nombre de problématiques qui dépassent largement le cadre de la pédiatrie. Tant un sous-investissement dans la santé de l’enfant aujourd’hui porte les germes des difficultés que rencontreront les adultes demain.
Cela relève de l’évidence, et pourtant : cette question est trop rarement abordée de façon globale et comme une priorité de santé publique. Ces Assises en constituent l’opportunité et le momentum à saisir.
Investir massivement dans la santé de nos enfants aujourd’hui n’est pas un coût, c’est un investissement. De ceux qui façonnent une vision politique et sociale ancrée dans le temps long. Et il y a urgence.
Renforcer le suivi médical des enfants pour mieux repérer et dépister afin de favoriser des prises en charge rapides et adaptées
Dès les premiers jours de vie de l’enfant et au cours des premières année, le suivi médical est essentiel. Pour éviter la survenue de pathologies plus graves, le dépistage et le repérage des troubles (visuels, auditifs, buccodentaires, …) sont des leviers majeurs de réduction des inégalités sociales dès le plus jeune. Nous retenons 2 objectifs :
● Augmenter le nombre de maladies dépistées dans le cadre du programme national de dépistage néonatal
Une nouvelle phase d’extension de ce programme, déjà élargi depuis fin 2020 à 8 pathologies supplémentaires (déficit en MCAD et 7 erreurs innées du métabolisme) et à la généralisation du dépistage de la drépanocytose à l’automne 2024, inclura en 2025 le déficit immunitaire combiné sévère (DICS) et le déficit en acyl-coenzyme A déshydrogénase des acides gras à chaîne très longue (VLCAD). Par ailleurs, l’inclusion de l’amyotrophie spinale proximale (SMA) dans le programme national de dépistage néonatal fait actuellement l’objet d’une évaluation de la Haute Autorité de santé et pourra être mise en œuvre au plus tard à l’été 2025. L’extension du champ des dépistages s’accompagnera d’une amélioration de la structuration des parcours de soins et de l’accès aux thérapies innovantes dans le cadre du Plan national maladies rares (PNMR4).
● Garantir l’accès des enfants aux examens de suivi
Systématiser la réalisation des 20 examens obligatoires de l’enfant en mobilisant les professionnels de santé (PMI, professionnels libéraux et hospitaliers, médecins de l’éducation nationale).
● Mettre en place le service public de repérage, de diagnostic et d’intervention précoce de 0 à 6 ans
Ouvert à tous les enfants quel que soit le handicap pour renforcer l’accompagnement précoce des enfants et de leurs familles.
Poursuivre et amplifier la démarche des 1000 premiers jours
Ce programme lancé en 2020 vise à favoriser les conditions d’un environnement propice pour un développement physique, psychique, social et affectif. Lutter contre les inégalités dès le plus jeune âge est un des objectifs de cette démarche. La stratégie 1 000 jours sera renouvelée autour de 3 axes :
●Entourer les parents pour prévenir l’épuisement parental et prévenir la dépression périnéale
● Améliorer les conditions d’accueil des enfants par les parents eux-mêmes et les professionnels de la petite enfance
Favoriser le lien d’attachement et un environnement sain pour l’enfant et ses parents à travers :
● Déployer la politique des 1000 jours sur chaque territoire et notamment en Outre-mer
Améliorer et sécuriser la prise en charge néonatale, dans l’objectif “zéro séparation” entre les enfants hospitalisés et leurs parents.
● Garantir un taux d’équipement en réanimation néonatale cible de 1 lit pour 1000naissances dans chaque région (+ 4 % par rapport à aujourd’hui) à l’horizon 2027.
Il est nécessaire de rappeler que les assises de la santé de l’enfant et de la pédiatrie ont été organisées dans un contexte de très forte épidémie hivernale à l’automne 2022, alors que les services de réanimation
néonatales et pédiatriques étant saturés.
● Ouvrir des travaux dès juin 2024 visant à faire évoluer le cadre réglementaire des activités de néonatologie, de soins intensifs de néonatologie et de réanimation néonatale.
Plusieurs évolutions sont à prendre en compte : l’évolution du profil des patients avec une part croissante de la très grande prématurité, le déclin d’attractivité des structures auprès des professionnels et les indicateurs perfectibles de mortalité des nouveau-nés prématurés. La réévaluation des conditions techniques de fonctionnement des soins critiques néonataux, en lien avec la société française de néonatologie et avec l’ensemble des acteurs concernés permettra de tenir compte de ces évolutions. L’objectif « zéro séparation » entre les parents et l’enfant hospitalisé guidera les travaux.
● Ouvrir Déployer les équipe mobiles de néonatologie
L’expérimentation lancée depuis 2022 compte à ce stade 9 équipes opérationnelles sur les 11 intégrées à l’expérimentation et deux équipes sont en cours de mise en place ou n’ont pas encore démarré l’activité.
Dans cet article, nous avons abordé les principaux points de la période des 1000 jours (depuis la grossesse jusqu’au 2 ans de l’enfant). Vous pouvez lire le dossier complet pour voir toutes les autres mesures et objectifs qui ont été traités lors des Assises de la Pédiatrie.
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