Le ProDAS, une pédagogie transmise au CeFAP 

Stéphanie Puech, formatrice dans le champ de l’enfance, la gestion du stress, les compétences psychosociales et la communication transmet également l’approche du ProDas auprès des apprenants. Nous sommes allées l’interroger pour en savoir plus.  

Stéphanie, peux-tu te présenter ?  

Je suis enseignante de formation, maman de 3 enfants (20, 19 et 16 ans). En 2015, j’ai créé mon entreprise, Epias, tournée vers l’enseignement d’une pédagogie favorisant les intelligences affectives et sociales. Je travaille principalement sur l’Occitanie et l’Auvergne Rhône-Alpes.   

Photo de la salle de formation avec des stagiaires et Stéphanie Puech formatrice dans le champ de la petite enfance et qui enseigne le ProDas.
Photo Stéphanie Puech, formatrice Prodass

Enseignante en herbe, je cherchais déjà des outils en lien avec la communication, la gestion des conflits en classe car je n'étais pas satisfaite de ce qui était pratiqué.

Comment est venue l’envie de créer Epias ? 

C’est mon parcours qui a déclenché cette création d’entreprise : 

En 2002, j’avais validé mon concours (CAPES) et une psychothérapeute est intervenue dans notre parcours de formation pour nous sensibiliser à l’analyse transactionnelle. Enseignante en herbe, je cherchais déjà des outils en lien avec la communication, la gestion des conflits en classe car je n’étais pas satisfaite de ce qui était pratiqué. Cette rencontre a été très importante pour moi ; cette professionnelle m’a mis entre les mains le livre d’Isabelle Filliozat « Au cœur des émotions de l’enfant » et là, une porte s’est ouverte. J’ai continué à me former à diverses méthodes, pédagogies tout au long de mon parcours.  

En 2010-2011, je me suis formée au ProDaS. Au départ, j’avais à cœur de créer ou de rejoindre une école expérimentale mais ça ne s’est pas concrétisé.  

En 2015, j’ai créé Epias.  

 

Quel est le but d’EPIAS ?  

Je travaille dans le champ de l’accompagnement affectif et social : permettre aux personnes traversant une épreuve d’être écoutées, de trouver leurs ressources, d’en acquérir de nouvelles. L’accompagnement psychosocial concerne tout ce qui jalonne nos vies depuis le plus jeune âge, que ce soit des épreuves ou des apprentissages : avoir peur du noir, apprendre à lire, les difficultés relationnelles à l’école, devenir parent, être parent, la maladie, un deuil par exemple. Dans ces situations de vie nos compétences psychosociales sont mobilisées et parfois en acquérir de nouvelles va nous aider.  Mon activité est essentiellement centrée sur la relation éducative auprès de tous les professionnels en lien avec des jeunes (parents, professionnels de crèches, éducateurs, tisf, enseignants, etc.).  Je me déplace dans tous types de structures. 

 

Donc tu accompagnes à la fois les parents et les enfants ?  

Oui, ça peut être sous forme d’ateliers. Je suis intervenue dans des écoles maternelles, au primaire, en collège et au lycée sur des thématiques très différentes. A l’école primaire, au collège, nous avons travaillé sur la citoyenneté et l’estime de soi. En terminale, c’est plutôt la gestion du stress.  

Pour les parents je propose des ateliers auprès de centres sociaux, associations, centres culturels avec des thématiques comme les émotions, l’empathie, une autorité bientraitante, le sentiment de culpabilité, l’estime de soi, la prévention et gestion du stress, le burn-out parental, etc. Je travaille en structure et en accompagnement individuel à tous les âges de la vie. 

 

On va s’attacher au ProDAS puisque tu l’enseignes au CeFAP. Peux-tu m’en dire plus ?   

Le ProDAS est né aux Etats-Unis dans les années 60 avec une équipe composée d’Harold Bessel, psychologue clinicien, de Géraldine Ball, enseignante et Uvaldo Palomares, psychologue scolaire. Christian Bokiau en Belgique et Jacques Lalanne au Québec sont devenus les référents de cette approche.  

Au départ, ce programme a été conçu pour les écoles. C’est un outil de prévention pour la violence à l’école, le harcèlement scolaire mais également un outil qui favorise une communication constructive et créative à partir de situations de la vie quotidienne. C’est un programme de prévention et de promotion de la santé mentale qui vise à favoriser le bien-être et le vivre-ensemble en développant les compétences psychosociales des enfants et des adolescent·e·s. 

Aurélie Tardy, une des animatrices ProDAS du Planning Familial, a fait une thèse qui interroge la transférabilité d’un programme de développement des compétences psychosociales en milieu scolaire, à travers l’étude du Programme de Développement Affectif et Social (ProDAS) dans le cadre de son déploiement en région Sud Provence Alpes Côte d’Azur. Des progrès significatifs ont été observés chez les élèves concernant diverses compétences psychosociales : l’expression et la compréhension des ressentis ; savoir parler et savoir écouter ; la maîtrise de la langue, le vocabulaire affectif ; la confiance en soi ; les comportements constructifs, les relations conviviales ; la résolution pacifique des conflits, etc. 

Le ProDas dans la parentalité, qu’est-ce que ça apporte ? 

Au départ pensée pour les enfants, cette approche se transpose pour les adultes et à de très nombreux contextes dont la parentalité et la périnatalité. C’est un outil qui vient soutenir le développement affectif et social de la personne et qui facilite le lien. Même sans rencontrer de très grandes difficultés, divers questionnements de parents en lien avec leurs expériences vécues au quotidien émergent régulièrement. Cette approche va venir mettre de la conscience sur ce que vit le parent, renforcer son sentiment de compétences ; éventuellement accompagner des changements. La méthode vient aussi mettre un éclairage dans la relation de couple, et la relation aux autres, aux enfants.  

 

Quels sont les outils que tu mets en place ? 

Il y en a plusieurs :

🔸Des ateliers thématiques : Le ProDAS permet, grâce à des règles de fonctionnement, de poser un cadre de sécurité qui est facilitateur d’authenticité dans les échanges. Chacun·e va pouvoir s’exprimer à partir d’une situation donnée, par exemple : la pression sociale et la parentalité – Comment le parent vit-il la situation ou comment la vivrait-il ? – Quelles sont ses ressources dans cette situation donnée ?

Une co-réflexion se met en place dans un climat de tolérance qui permet aux parents de se poser, penser, et de s’enrichir des réflexions des autres pour aborder des situations de parentalité qu’ils vivent ou seraient amenés à vivre.  

🔸Des temps de régulation de la vie de famille :  Ce sont des temps sans jugement pendant lesquels, chacun·e va pouvoir s’exprimer sur comment il/elle vit des situations et ensuite, éventuellement, il peut y avoir une réflexion qui s’amorce et s’élabore : est-ce qu’on souhaite changer ça ? Comment ? Il est essentiel que ce temps puisse se vivre sans reproche (ce qui n’exclut pas des remarques constructives négatives) et que la motivation de chacun·e soit présente.  

🔸Un jeu de cartes avec des thématiques en lien avec la vie courante, la vie de famille, avec l’école : Des thèmes sont notés sur les cartes comme : “Quelque chose qui me plaît dans ma famille…’’; une fois j’ai exclu quelqu’un…” ; “une fois on s’est fâché contre moi…”, etc. 

Ce jeu s’adresse aux enfants, aux familles. Cet outil favorise des discussions à l’appui de situations vécues qui ne seraient pas forcément abordées sinon. Ces échanges se font dans un climat de confiance grâce à des modalités énoncées au départ et rappelées si besoin. 

Pourquoi l’enseigner au CeFAP ?    

Vanina Caïtucoli, fondatrice du CeFAP, avait entendu parler du ProDAS. Elle s’était dit que ce serait un outil intéressant pour l’ouverture de la formation et permettre au groupe de se rencontrer, de tisser rapidement du lien. Cette approche permet aux apprenants d’entrer en formation par la porte du champ socio-émotionnel.  Le counselling, l’écoute Rogériene sont enseignés au CeFAP et le ProDAS est cohérent avec ces enseignements-là.

Le ProDAS est un outil pédagogique très expérienciel. C’est une entrée en matière au CeFAP qui permet notamment d’aborder des situations de parentalité et d’accueillir le vécu de participants, leurs émotions, leurs opinions, de vivre des temps d’écoute dès le démarrage.  

 Au CeFAP, le ProDas fait partie des modules transmis au début de la formation mais aussi à la fin. Pourquoi ?    

C’est aussi Vanina qui avait eu cette idée. Les apprenants vivent un parcours de formation riche humainement au CeFAP et ce n’est pas forcément simple pour eux quand la formation arrive à son terme : accompagner la clôture émotionnellement, mettre un éclairage sur le chemin parcouru, et entrapercevoir l’après. 

Au démarrage, c’est une entrée en matière notamment dans le champ des émotions. Et en fin de parcours, les apprenants savent tous de quoi il s’agit. C’est une opportunité pour exprimer leur vécu au terme de la formation, ancrer des apprentissages qu’ils ont fait durant ce parcours. C’est donc une proposition pour vivre autrement la clôture de la formation au CeFAP.  

Les apprenants bénéficient d’écoute, d’une possibilité d’expression dans un temps fort de la formation. Les apprenants certifiés auront une posture d’écoute par la suite auprès des parents accompagnés. C’est donc tout à fait cohérent.  


Qu’est-ce que tu aimerais souligner à propos du ProDas dans la parentalité ?    

Dans le champ de la prévention, je voudrais souligner que les difficultés rencontrées par les familles sont amenées à évoluer et à se transformer dès lors qu’il y a un espace d’écoute authentique et un accueil inconditionnel de ce que vivent ces personnes. Ces espaces permettent souvent de dépasser les maux quand il y a par exemple de la jalousie ou des comportements qui peuvent s’exprimer à la future naissance d’un enfant (d’un autre enfant de la fratrie, parfois d’un·e conjoint·e). Il s’agit d’être empathique. Le ‘’simple’’ fait d’écouter, de poser des questions ouvertes – même s’il n’y a pas de réponse : pas de pression, d’attentes – va participer à transformer la situation.  


Souhaites-tu rajouter quelque chose ?    

Il est essentiel d’être vigileant·e, lorsque nous écoutons parents et enfants conjointement, aux paroles, aux mots que les enfants entendent et à ce qu’ils pourraient en comprendre, à tout âge. 

Merci Stéphanie d’avoi répondu à toutes nos questions !